LE MOUSSEM DES FIANÇAILLES D’IMILCHIL
En arrivant au Maroc je pensais que nous ne pourrions pas y assister, mais ayant dû modifier notre itinéraire - un mal pour un bien 😉 - les dates pouvaient finalement correspondre, et dès lors, pas question de rater cet événement.
Mais au fait, c’est quoi le MOUSSEM DES FIANÇAILLES D’IMILCHIL?
C’est une fête rituelle née d’une légende. Deux jeunes gens s’aimaient, et souhaitaient se marier. Mais… elle était de la tribu des AÏT YASSA, et lui, de celle des AÏT BRAHIM. Évidemment ces deux tribus étaient en guerre donc impossible d’obtenir le consentement des familles.
Les deux jeunes amoureux se mirent à pleurer, de larmes sans fin, chacun de son côté. Et l’un comme l’autre finit par se noyer, chacun dans le lac généré par le flot de ses larmes.
la fille, dans le lac de TISLITE: « la fiancée »
le garçon dans celui d’ISLI: « le fiancé » (en berbère).
Depuis, ces deux lacs sont sacrés. D’aucuns leur prêtent même des vertus magiques, soignant par exemple l’infécondité.
SIDI AHMED OULMAGHANI, un marabout venu s’installer dans la région, réussit à réconcilier les deux tribus, qui décidèrent d’organiser chaque année au mois de septembre une fête pour permettre aux jeunes gens de se rencontrer, se choisir librement et célébrer leurs unions.
C’est ainsi que chaque année, fin septembre, a lieu le MOUSSEM DES FIANÇAILLES D’IMILCHIL,

à côté du mausolée où repose le corps de SIDI AHMED OULMAGHANI.
Des mariages collectifs y sont organisés, dont les actes officiels sont enregistrés par des notaires qui se déplacent exprès pour l’événement.
Et, fait peu coutumier au Maroc, si, au bout d’un an, ils le souhaitent, les jeunes mariés peuvent décider de rompre leur union (à condition qu’il n’y ait pas eu d’enfant).
Mais le MOUSSEM ce n’est pas que ça…
…C’est aussi venir se recueillir au mausolée de SIDI AHMED OULMAGHANI
…C’est aussi l’occasion pour les jeunes de découvrir les chants et danses traditionnelles
…C’est aussi un immense marché aux animaux…
…de tous poils 🐎 🐄 🐑 🫏…
…C’est aussi l’occasion pour les agriculteurs locaux de venir vendre leur production.
…C’est aussi un immense Souk où l’on trouve… tout! (même des machines à laver 😁).
Bien sur, au Moussem comme ailleurs tu peux demander à faire cuire la viande…
…que tu viens d’acheter dans des boucheries improvisées, et que tu peux ensuite aller déguster tranquillement dans la gargote voisine.
En fait le MOUSSEM c’est tout cet ensemble.
Je voulais à tout prix voir cette cérémonie collective du mariage, qui est une tradition ancestrale de la tribus des Aït Hadiddou. Nous sommes donc, pour cela, restés 2 jours et trois nuits à l’auberge de Malika au lac TISLIT.
Petite aparté pour vous parler d’une belle personne.
Malika
Elle tient une auberge au bord du lac TISLIT
Malika vit seule dans cette auberge, dans cette région où elle est née, auprès du lac qui semble t’il l’a soignée d’une grave dépression qu’elle a traversée il y a une quinzaine d’années. Son mari vit à MEKNES. Ici tout le monde la connaît. Au Moussem (à 25 km de son auberge, tout de même!), quand on nous demandait où nous nous logions et que nous répondions au lac Tislit: « Ah, chez Malika! ». Nous sommes arrivés un soir à la nuit tombante, fatigués d’une longue route, sous la pluie le vent et l’orage (oui oui, nous sommes bien au Maroc), elle nous a accueillis alors que nous n’avions pas réservé, et de même quand nous avons prolongé notre séjour à deux reprises. Elle ne voulait pas que l’on paye les deux nuits de plus, il nous a fallu insister pour qu’elle accepte. Nous avons partagé avec elle de longues conversations, sur la vie, la famille, les humains, la transmissions, les traditions, le Maroc… Nous voulions lui rendre hommage pour sa gentillesse et son sens de l’hospitalité. D’ailleurs les voyageurs ne s’y trompent pas, c’est ici qu’ils font halte. Durant ces deux jours dans son auberge, nous avons croisé, un groupe de 12 allemands, deux italiens, des français, des marocains, pour lesquels il n’était pas question de séjourner ailleurs.
Mais revenons en à nos moutons 🐑😉
Ayant appris qu’au Moussem de cette année, la cérémonie des signatures aurait lieu le samedi matin, nous nous y sommes à nouveau rendus ce matin-là.
Mais surprise, cette année, le gouverneur de la région et toute une délégation officielle ont voulu assister à la cérémonie. Résultat: l’allée centrale bloquée et gardée par une armada de gendarmes et de militaires.
Nous avons pourtant réussi à nous faufiler suffisamment près pour voir arriver les mariés.
Deux heures malgré tout à attendre l’arrivée de la délégation des officiels et le gouverneur, entourés d’une nuée de journalistes ou photographes - pour beaucoup improvisés ou amateurs, mais si nombreux que nous ne voyions plus rien.
Et qui plus est, une manifestation de marocains mécontents commençait à prendre de plus en plus d’importance, entraînant des mouvements de foule.
Là c’en était trop, nous avons préférer partir 😢
(Résultat des courses: faudra qu’on revienne… une prochaine fois ☺️)
Cependant, la veille, nous avions fait la sympathique rencontre d’une journaliste photographe franco-marocaine, qui elle, avait un droit d’accès à la cérémonie. Nous lui avons demandé si elle serait d’accord pour partager quelques unes de ses prises de vue, ce qu’elle a accepté de faire; nous devrions les recevoir prochainement. Elle nous a confirmé que même pour elle, ça avait été très compliqué de réaliser ce reportage, et que la cérémonie avait dû être interrompue après quatre signatures, après quoi il a fallu déplacer les participants et achever les démarches ailleurs, pour les mener à leur terme en toute tranquillité.
Avec son accord, nous espérons bientôt pouvoir vous montrer ces photos.
À bientôt
Bises à tous et à toutes
Jean Marc et Maïté